L’avis qui ne comptait pas.

Un public loufoque pour Eddington de Ari Aster

Extrait du film Eddington de Ari Aster, un face à face entre un shérif et le maire.

On était dans une salle de gens barrés.

Chaque personne qui entrait avait un petit quelque chose bien particulier qui attirait forcément l’attention : une démarche, un accent, un tic, un ton, une voix, une parole, un regard… Et puis il y avait moi, installée tôt exprès pour avoir le loisir d’observer mon prochain et de le trouver bizarre. Alors que j’étais en train de me gausser en pensant qu’on était une salle de gens pas bien nets, un type s’est levé, s’est tourné vers l’assistance, a pris son courage à deux mains et a raconté d’une voix forte une blague sur le Covid. Quelqu’un n’a rien compris et a dû recevoir des explications. Moi, j’ai pouffé bêtement. Et j’ai aussitôt replongé mon nez dans mon magazine fourni par le cinéma : il n’aurait tout de même pas fallu que mon sens de l’humour donne l’impression que j’étais ouverte à la moindre interaction sociale ! Le problème avec les interactions sociales, c’est qu’on les voit arriver, mais on ne sait jamais quand elles se terminent.

C’est dans cette ambiance loufoque, devant ce public loufoque, que le film a démarré.

Et ce long-métrage d’Ari Aster m’a laissée dubitative, presque pantoise. J’ai ri. Ou plutôt, j’ai ricané : sans doute me pensais-je supérieure aux faiblesses humaines exposées dans Eddington. Hélas, j’ai senti des longueurs puisque l’on va de folies en folies, du grotesque au trash, sur une peinture mouvante d’une société corrompue par le complotisme sous toutes ses formes et de toutes ambitions. Il y avait un ton parfois cyniquement drôle mais une intrigue parfois éprouvante, parsemée de personnages aussi dingues que banals, et au bout de deux heures, ressenties trois, cela m’a paru long.

La salle n’avait pas l’air conquise à la fin mais je dois dire que finalement, Eddington m’a captivée et agacée mais aussi sincèrement marquée puisque, quelques jours plus tard, j’ai réalisé que j’y pensais toujours et que j’étais sortie de la séance de ce film comme l’on sort d’un grand repas de famille : repue mais écœurée, amusée mais affligée.

Commentaires

4 réponses à “Un public loufoque pour Eddington de Ari Aster”

  1. Avatar de dasola

    Bonjour Jenevelle, un film que j’ai vu juste avant de partir en vacances et j’avoue que j’ai trouvé cela lourd et trop long. Ce n’est pas un film que je reverrai. Pedro Pascal est peu présent et Joaquin Phoenix ne m’a pas trop convaincu. J’ai failli partir avant la fin ce que je ne fais jamais. Bonne journée.

  2. Avatar de Jenevelle Laclos

    J’ai été franchement étonnée de ne voir personne sortir avant la fin !

  3. Avatar de Light And Smell

    Je ne pense pas le voir au ciné mais pourquoi pas chez moi où je pourrai faire des pauses régulièrement. Les films qui font passer par des émotions contraires et contrastées ne sont pas si courant alors même si c’est un peu ça passe ou ça casse, je note la prise de risque 🙂

    1. Avatar de Jenevelle Laclos

      Aaah oui avec des pauses, bonne stratégie !

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