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Une rencontre hésitante avec Madame Saint-Clair, reine de Harlem, par Raphaël Confiant
J’étais encore en train de fourrer mon museau dans le rayon de Maryse Condé à la médiathèque, quand des livres de Raphaël Confiant, disposés juste à côté, m’ont attiré l’œil. Il y avait Rue des Syriens que m’avait offert feu ma grand-mère et que j’avais lu, puis profondément aimé. J’avais une affection particulière pour ce roman et, même si j’avais toute une liste des autres Confiant que je voulais lire, je ne m’étais jamais exécutée. Alors, j’ai pioché un roman au hasard et je suis rentrée chez moi avec Tituba et Stéphanie Saint-Clair.

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Un franc récit de sorcière avec Moi, Tituba sorcière de Maryse Condé
Franchement, j’étais un peu honteuse d’admirer l’artiste sans admirer l’œuvre. Je me suis délectée des autobiographies de Maryse Condé, j’ai été inspirée par celles-ci, et par Maryse elle-même à vrai dire, mais je n’avais pas lu de romans de sa part. Les vrais pleins de fictions, ceux accouchés par l’imagination. Je me souvenais bien, pourtant, de ce roman qui était à mettre dans toutes les mains durant la tendance sur les sorcières, avec cette couverture magnétique chez Folio, sur laquelle une femme noire vêtue de blanc, sein nu, regarde vers la gauche. Alors, je me suis dit « lisons le livre…

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L’enfance aux multiples facettes par Jean-Baptiste Greuze au Petit Palais
Je n’aime pas les enfants. Je n’aime pas les enfants, de la même manière qu’il n’y a aucun groupe social que j’apprécie particulièrement. Je trouve toujours cela très étrange d’aimer « les enfants » ou « les animaux », comme si chaque individu parmi ces groupes avait un point commun avec les autres le rendant irrésistible : il y a des enfants sympa comme il y a des collègues sympa et d’autres qui sont insupportables comme peuvent l’être également certains collègues. Pour moi, « les enfants », c’est un ensemble d’individus vulnérables envers lesquels nous avons fatalement des devoirs. Pas de quoi s’émerveiller.

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Maryse Condé l’autobiographe
C’est à ce moment-là que je suis tombée sur un extrait de La vie sans fards, dans lequel la narratrice raconte comment elle abandonne son fils Denis. Ainsi ai-je commencé à lire Maryse Condé : quel genre de femme peut bien avouer un abandon d’enfant et le publier ? Le genre de femme que j’ai envie de lire.

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Les froides et bizarres petites boîtes de Yoko Ogawa
Quand j’ai déchiré avec maladresse le papier décoratif, j’ai été enchantée de découvrir un livre de Yoko Ogawa que je connaissais déjà pour l’infiniment triste Petit joueur d’échecs. Enchantée, certes, mais pour être honnête, également un peu rebutée : j’ai laissé le livre de côté un long moment car j’étais déjà triste et que je ne voulais pas saupoudrer du Yoko Ogawa sur ma tristesse. Alors, j’ai décidé d’attendre qu’il soit l’heure. Je n’ai pas attendu l’heure.

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Mon épais de l’été, c’était Le seigneur des anneaux et je ne regrette aucune des 1400 pages que j’ai lues
Longtemps j’ai repoussé le moment de le lire, découragée par les commentaires de ceux qui avaient échoué et moi-même échaudée par mes échecs lorsque je tentais humblement la lecture du Hobbit. Je me disais : « je le lirai un été, quand j’aurai du temps devant moi ». Et cet été fut le bon. Tandis que je naviguais sur l’insatiable océan des blogs, je suis tombée sur le challenge « Épais de l’été 2025 » chez Dasola. J’ai frémi de motivation. Puis, j’ai découvert les chroniques de la Belette sur le Seigneur des anneaux, et j’ai cédé à la tentation.

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Evanouis, un conte horrifique signé Zach Cregger
Je suis obsédée par les disparitions d’enfants. Je crois que cela remue une peur profonde chez moi, depuis fort longtemps, parce que j’ai grandi dans une France arrosée de faits divers sordides. Je voyais les théories sur le petit Grégory dans les magazines posés dans les toilettes et les affiches d’Estelle Mouzin placardées aux péages — alors qu’elle et moi, on avait deux ans d’écart seulement. Quand j’étais enfant, ça me faisait peur. Quand j’étais ado, ça me faisait peur. Quand je suis devenue adulte, ça m’a terrifiée.

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Le rouge et le noir de Stendhal n’a pas pris une ride
À la fac, mes professeurs parlaient de ce roman avec une telle exaltation, que cette dernière fît naître en moi une ambition nouvelle, mais j’étais toujours aussi ennuyée par ce début et la fin m’avait été gâchée en plein milieu d’un amphithéâtre par un professeur loquace qui pensait naïvement que nous l’avions tous déjà lu et pieusement annoté.

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Un public loufoque pour Eddington de Ari Aster
Moi, j’ai pouffé bêtement. Et j’ai aussitôt replongé mon nez dans mon magazine fourni par le cinéma : il n’aurait tout de même pas fallu que mon sens de l’humour donne l’impression que j’étais ouverte à la moindre interaction sociale ! Le problème avec les interactions sociales, c’est qu’on les voit arriver, mais on ne sait jamais quand elles se terminent. C’est dans cette ambiance loufoque, devant ce public loufoque, que le film a démarré.

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La bâtarde d’Istanbul d’Elif Shafak ou une fin en soi
J’ai retroussé mes manches, bu des litres de thé noir et au fil des ans, j’ai lu, apprécié, abandonné plein de romans et à chaque fois que La bâtarde d’Istanbul d’Elif Shafak trônait en haut de la pile, je le remettais aussitôt en-dessous d’un autre livre et j’en commençais un autre. Je l’ai rejeté longtemps, et puis un jour je n’ai plus eu le choix, il n’y avait plus que lui : j’ai dû me confronter à la plume d’Elif Shafak.





