
Ce roman est un cadeau qui m’a été offert par une personne qui compte et qui me connaît bien. Quand j’ai déchiré avec maladresse le papier décoratif, j’ai été enchantée de découvrir un livre de Yoko Ogawa que je connaissais déjà pour l’infiniment triste Petit joueur d’échecs. Enchantée, certes, mais pour être honnête, également un peu rebutée : j’ai laissé le livre de côté un long moment car j’étais déjà triste et que je ne voulais pas saupoudrer du Yoko Ogawa sur ma tristesse. Alors, j’ai décidé d’attendre qu’il soit l’heure.
Je n’ai pas attendu l’heure.
Comme je n’ai plus de pile à lire depuis des années maintenant, j’ai entamé ce roman alors que j’étais toujours triste, parce que je n’avais tout simplement rien d’autre à lire. J’ai donc plongé, déjà triste, dans ce récit de petites boîtes funèbres, dans lequel on navigue dans un monde merveilleux où il n’y a plus d’enfants mais où on passe son temps à honorer leur absence par de multiples rituels. Il y a aussi des personnages particulièrement étranges, presque inquiétants d’ailleurs par leur étrangeté, qui chantent au lieu de parler, qui sont malades, n’ont pas de voix, sont des artistes à leur manière, jouent des instruments sordides…
Moi qui n’ai peur ni de l’obscurité, ni des tabous, j’ai été refroidie par ce thème omniprésent d’enfants morts et par ces créatures toutes particulières difficiles à comprendre. Je me lassais. Je lisais et me lassais de ces descriptions, de ces peintures de l’âme endeuillée, de ces détails mornes et morbides sur les défunts et les vivants qui luttent de mille manières contre la peine. Pourtant, j’ai la conviction que c’est un beau roman, même s’il balbutie parfois, se confond en répétitions : il est beau et inoubliable.
Je ne l’ai pas aimé, je me suis ennuyée, je suis restée de marbre, et pourtant, je l’ai lu avec une telle intensité que, plusieurs mois plus tard, je me souviens très bien de tout, de cet univers un peu glauque, de cette ambiance froide et de tout ce qui m’a dérangée.
Je dois être plus sensible que je ne le pensais, alors.
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