L’avis qui ne comptait pas.

Pas de mythos dans Mensonges de femmes de Lioudmila Oulitskaïa

Il y a cela des années, Mensonges de femmes de Lioudmila Oulitskaïa, a commencé à fleurir un peu partout sur la blogosphère. Je ne sais plus où je l’avais croisé exactement, mais ce que je sais, c’est que j’avais aimé les critiques, la couverture et en particulier le titre : dans ma vie personnelle, à ce même moment, de nombreux mensonges venaient d’être révélés et j’avais dû moi-même en tisser, parce que c’est ce qu’on fait pour survivre dans les environnements douteux. Alors, j’ai mis ce livre de côté, dans ma fameuse « wishlist » largement nourrie par mes balades sur les blogs et réseaux sociaux des autres, et il a attendu huit ans que je l’achète. Je l’ai acheté en même temps que La fabuleuse laverie de Marigold, car je passais une commande, et je n’aime pas qu’on fasse se déplacer un livreur pour un seul livre — tous les lecteurs et lectrices décèleront ici mon petit mensonge à moi…

J’ai trouvé le roman de Lioudmila Oulitskaïa d’une sincérité hilarante : alors même que le programme, c’est de rencontrer au fil des chapitres cinq femmes menteuses, le roman Mensonges de femme dévoile avec élégance et ironie de nombreuses vérités. La plume de l’autrice est agréable, simple mais tout à fait immersive ; et le ton qu’elle emploie est rafraîchissant. Il n’y a pas de complaisance dans cette œuvre, et si le mensonge a sa place, il a le bon goût d’être balayé par la vérité, qu’elle soit embarrassante, honteuse ou franchement drôle.

La façon dont Lioudmila Oulitskaïa dépeint l’âme et la fragilité humaines est une délicieuse réussite, puisqu’elle ose enfin dire des choses que l’on ne s’avoue parfois même pas à nous-mêmes. Pendant ma lecture, j’ai eu l’impression de m’asseoir à la table d’un café avec elle, et de discuter en regardant les passants, et qu’on se disait — sans se regarder — « allez viens, on se raconte pas de mythos, aujourd’hui ».

Le ton est léger, et si je ne suis pas d’accord avec son postulat « Peut-on comparer le bon gros mensonge masculin stratégique, architecturé, aussi ancien que la réponse de Caïn, avec ces charmants petits mensonges de femmes dans lesquels on ne décèle aucune bonne ou mauvaise intention, ni même aucun espoir de profit ? » car je suis convaincue que, nous aussi les femmes, sommes priées d’utiliser les mensonges par stratégie « architecturée », j’ai apprécié grandement ces récits de mensonges tristes ou idiots, qui permettent finalement de devenir Autre et de fuir de soi-même.  

Commentaires

4 réponses à “Pas de mythos dans Mensonges de femmes de Lioudmila Oulitskaïa”

  1. Avatar de Audrey Light And Smell

    Je ne connaissais pas ce roman mais cette idée de récits basés sur des mensonges plus ou moins gros est originale !

    1. Avatar de Jenevelle Laclos

      Très piquant 🙂

  2. Avatar de luocine
    luocine

    j’adore ce billet et il me donne une furieuse envie de lire ce roman : mission réussie

    1. Avatar de Jenevelle Laclos

      Aaaah trop chouette !! J’espère que ça te plaira aussi alors 🙂

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