
J’étais encore en train de fourrer mon museau dans le rayon de Maryse Condé à la médiathèque, quand des livres de Raphaël Confiant, disposés juste à côté, m’ont attiré l’œil. Il y avait Rue des Syriens que m’avait offert feu ma grand-mère et que j’avais lu, puis profondément aimé. J’avais une affection particulière pour ce roman mais, même si j’avais toute une liste d’autres Confiant que je voulais lire, je ne m’étais jamais exécutée. Alors, j’ai pioché un roman au hasard et je suis rentrée chez moi avec Tituba et Stéphanie Saint-Clair.
Sur le papier, il y a un peu tout ce que j’aime voir dans une série télévisée : une femme puissante, des gangs, des costumes, des chapeaux et des salauds. Stéphanie, la reine de Harlem, est une Guadeloupéenne qui a été à la tête d’organisations criminelles diverses dans les années 1910 aux Etats-Unis, en particulier dans le quartier Nord de Manhattan. Cette époque, c’est celle de l’art déco, Lucky Luciano et Al Capone.
L’histoire est donc intrinsèquement intéressante. Le problème, c’est la narration qui alourdit un récit pourtant palpitant. L’auteur a choisi de donner fictivement la parole à Madame Saint-Clair elle-même, alors très âgée et fatiguée, qui correspondrait avec son neveu de Guadeloupe : ses lettres sont parfois confuses, la temporalité laborieuse, le radotage présent — à tel point qu’elle s’en excuse plusieurs fois. Cela crée un échange réaliste, certes, mais maladroit et parfois franchement pesant. Cet aspect décousu m’a lassée à plusieurs reprises, en particulier lors de souvenirs de romances passées qui ne m’intéressaient pas — mon cœur de pierre, sans doute.
Soit par ennui, soit par impatience, je n’ai hélas pas pris le plaisir que je comptais prendre dans cette lecture que je ne regrette pas, néanmoins, d’avoir grignoté jusqu’au bout, car le parcours de Madame Saint-Clair demeure criminellement brillant. Pour être honnête, j’attends maintenant une série HBO sur Stéphanie Saint-Clair, reine de Harlem. Si vous avez des contacts chez HBO, merci de tirer quelques ficelles !





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