Pourquoi mon avis ne compte pas
Mon avis ne compte pas car je dis toujours avec une franche honnêteté que je préfère le thé vert, alors que je n’achète que des thés noirs aromatisés à des saveurs gourmandes, que je réclame toujours le fidèle Earl Grey dans les brasseries et que mes dimanches matins sont arrosés de thé noir purs puissants et réconfortants.
Mon avis ne compte pas car j’explique toujours à ceux qui m’entourent que je ne bois pas de café, je n’aime pas ça ; mais je me plains dès que le tiramisù n’est pas suffisamment corsé, j’essaie toujours de m’emparer de la petite pâtisserie au café qui reste au milieu des mignardises et dans une boîte d’assortiments de chocolats, je tente toujours de piquer le Graal : le chocolat blanc fourré au café. D’ailleurs, vous ai-je déjà dit que je n’aimais pas le chocolat blanc ?
Mon avis ne compte pas car je n’aime pas les comédies musicales, que je trouve absolument grotesques, mais The Rocky Horror Picture Show fait partie de mes films préférés, à tel point que j’ai mis une affiche à son effigie au-dessus de mon lit — qui ne voudrait pas dormir avec le Dr Frank’n’Furter au-dessus de la tête ?
Mon avis ne compte pas car je suis toujours surprise lorsqu’on me demande si j’ai vu le dernier film d’horreur qui vient de sortir : pourquoi l’aurais-je vu ? Je n’aime pas spécialement cela, ils sont toujours un peu débiles et décevants ! Mais si on me pose cette question, c’est précisément parce que je vais répondre par l’affirmative : les films d’horreur font partie intégrante de ma consommation cinématographique, j’attends avec impatience l’automne, les feuilles mortes et les relents d’Halloween pour me concocter des soirées glauques ; et puis, j’ai une affiche de la série X de T-West au-dessus de mon lit — qui ne voudrait pas dormir avec Pearl au-dessus de la tête ?
Mon avis ne compte pas car j’ai longtemps clamé détester les univers Fantasy sous prétexte que ces derniers m’ennuient profondément et qu’ils revêtent un caractère un peu enfantin… Devinez qui est capable de faire un marathon Le seigneur des anneaux en version longue (uniquement), précédé du Hobbit ?
Mon avis ne compte pas car j’ai toujours dit que je détestais les jeux vidéo où il y a du jeu de rôle car c’est souvent ennuyeux, peu crédible et agaçant avec ces parenthèses narratives qui ralentissent le meilleur — c’est-à-dire la baston — alors que je dois avoir un millier d’heures de Divinity Original Sin et Baldur’s Gate III à bout de clic.
Mon avis ne compte pas car il est incohérent, versatile, issu d’un cœur qui ne se connaît pas lui-même, et que, bien évidemment, c’est un point tout petit, minuscule et grésillant, dans la surface de l’Univers. Ni visible, ni important.
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